Le four, dans la campagne égyptienne, est un lieu de rencontre où les gens, surtout les femmes, parlent beaucoup et où se racontent toutes sortes d'histoires bonnes ou mauvaises. Là, toutes les nouvelles sont échangées.
En effet, la préparation et la cuisson du pain sont très longues et s'effectuent en général pendant la nuit. Les femmes rassemblées pour ce travail ont donc tout le temps pour bavarder.
Différents éléments entourent le four, encore appelé «el-qobba», c'est-à-dire la coupole: la «balata» ou «saga» ou «arsa» (sole du four à pain), le «kanoun», le «magour», la «sahala» (pelle à pain), la «matraha» (spatule), le «bachkour» (tige de fer), la «garrafa» (sarcloir du four), le «oud» (tige de fer), la «machanna» (couffin pour le pain).
La balata (ou sagar et arsa) est la sole du four à pain. C'est une plaque généralement ronde d'environ 90 centimètres de diamètre et de 5 centimètres d'épaisseur. Elle est en terre cuite. Pour la confectionner et lui donner de la résistance au feu, le potier mélange avec la terre de la paille hachée, des déchets pilés de briques cuites et du crottin d'âne.
Un proverbe égyptien est attaché à la sole du four à pain: «Il en est réduit à la sole du four», ou: «Il a vendu jusqu'à la sole du four». Ce proverbe signifie que cette personne est ruinée, qu'elle ne possède plus rien en dehors de la sole du four à pain, si elle ne l'a pas encore vendue.
Le mot «saga» désigne encore cette sole du four à pain en terre cuite mais aussi à cette plaque de fer servant de sole. En Haute-Egypte la sole du four à pain est connue sous le nom de «arsa».
Le «kanoun» fait partie du four à pain car il en est le foyer. Le «kanoun» est encore un petit fourneau servant aux grillades ou à cuire des aliments. Il est souvent construit avec des briques et de la terre. Sur son ouverture supérieure peuvent être placés les chaudrons ou les grils.
Le «magour» est un pétrin dont le nom en arabe dérive du copte. C'est un grand récipient de terre cuite, de forme conique et à fond plat. Un proverbe égyptien a utilisé ce pétrin: «Retourne le pétrin sur la nouvelle», c'est-à-dire qu'il ne faut pas ébruiter la nouvelle, ou qu'il est mieux de garder le silence sur ce qui a été entendu.
La «sahala» est une pelle à pain toujours en bois et de longueur très variée. Elle sert à mettre le pain au four et à l'en retirer.
La «matraha» est une spatule ou une petite pelle servant à mettre le pain au four. Cette spatule est confectionnée avec des lamelles de bois. Elle est ronde de 40 centimètres de diamètre, la grandeur d'un grand pain. Cette spatule est prolongée avec un petit manche d'environ 20 centimètres le longueur.
Le «bachkour», dont le nom arabe découle du copte, est une tige de fer de 80 centimètres environ de longueur. Elle est recourbée à l'une de ses extrémités afin de pouvoir retirer le pain du four. Le «bachkour» sert aussi à nettoyer le four à pain. Cette tige, selon les régions d'Egypte, est encore appelée «oud» ou «garrafa».
La «machanna» est un couffin pour le pain. C'est une sorte de corbeille ronde, assez plate, confectionnée avec des joncs ou des tiges du cotonnier. La «machanna» sert à recevoir le pain après sa cuisson.
Les marchands de fruits et de légumes utilisent largement la «machanna» pour la présentation de leurs marchandises. Les paysannes se servent encore de la «machanna» pour porter toutes sortes de choses sur la tête.